Le Mensuel Éco Grand Est, Novembre 2021

La startup qui pousse les producteurs dans les rayons

Valoriser les producteurs locaux dans les enseignes de la grande distribution : c’est le concept défendu par la startup strasbourgeoise Direct Market, lancée en 2019 par Sébastien Pelka et Marc Dorel.


Cette place de marché gère l’enlèvement des produits di­rectement chez le producteur, leur préparation, leur livraison chez les commerçants et leur facturation, le tout sécurisé par l’usage de la blockchain. Le prix versé au producteur est auto­matiquement affiché sur le produit en magasin. Deux ans et demi après sa création, l’entreprise référence quelque 400 producteurs. Ses étals, qui peuvent présenter jusqu’à 20% du rayon fruits et légumes d’un magasin, sont présents dans quelque 350 points de vente à travers la France, de Montpellier à Lille en passant par Bordeaux, Rouen, Paris, Orléans ou encore Grenoble.

La startup désormais en post-incubation au Se­mia, compte une quinzaine de salariés et espère atteindre un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros cette année. Elle vient de lever 1,7 million d’euros auprès du fonds de capital-risque LeadBlock Partners, spécialisé dans la blockchain, associé à Alsace Business Angels, Finck Ventures et Bpifrance. Son point d’équi­libre est attendu pour l’année prochaine. C’est essentiellement vers les petits producteurs que se tourne la place de marché. Des acteurs méfiants, du moins, jusqu’au premier paiement, même si Direct Market leur apporte une offre de service précieuse qui leur permet de se recentrer sur leur exploitation.

« On a mis du temps à gagner leur confiance », reconnaît son fondateur. Les premiers servent désormais d’ambassadeurs Direct Market les aide à calculer leurs coûts et à prendre du recul sur leur activité, créant un effet de filière qui bien souvent n’existait pas avant :

« Certains prix se placent au même niveau que celui des centrales d’achats avec une rémunération de 10 à 50 % plus élevée pour le producteur et une fraîcheur inégalée pour le consommateur », note Sébastien Pelka.

Ancien professionnel de la grande distribution, il reconnait que certains territoires sont plus récep­tifs que d’autres. L’Alsace, en particulier, constitue une exception du fait d’une interprofession des fruits et légumes très structurée. Mais, même dans les territoires ou existent de nom­breux magasins de producteurs. des possibilités d’implantation existent, « parce que 60 à 70 % des achats se font toujours en grandes et moyennes surfaces ».

 

Direct Market travaille aujourd’hui avec de nom­breuses enseignes, qu’elles soient intégrées ou composées d’un réseau d’indépendants. « La problématique est la même partout : c’est celle de l’approvisionnement en produits locaux. Moins il y a de producteurs sur un territoire, plus il est diffi­cile », note l’entrepreneur. Le besoin de proximi­té a été accentué par la crise sanitaire et alors qu’Amazon ne cache plus ses ambitions dans le secteur du frais, le référencement de produits locaux est devenu un enjeu crucial pour la grande distribution. Les relations directes entre un magasin d’enseigne et des producteurs locaux restent pourtant minoritaires. Et si, avec les confinements successifs, de nom­breuses initiatives ont fleuri, elles ont eu pour la plupart du mal à se concréti­ser.

Les annuaires mis en place par plu­sieurs enseignes n’ont notamment pas permis aux commerçants et aux pro­ducteurs locaux de se rencontrer. « Le sujet reste complexe à mettre en œuvre. Notre solution permet de mettre en contact les magasins avec une variété de producteurs et de rendre leur appro­visionnement facile et cela fait la diffé­rence », avance Sébastien Pelka.

Pour renforcer cet échange, Direct Market prévoit d’organiser des visites d’exploitations agricoles. Dans un tout autre registre. la startup est partenaire du CIC pour tester ses nouveaux sys­tèmes de paiement Elle devrait pro­chainement expérimenter un rayon de fruits et légumes en Scan & Go, sans personnel ni caisse, les clients étant débités dès lors qu’ils prélèvent un pro­duit. La place de marché, qui mesure d’ores et déjà les kilomètres parcourus par les produits mis à disposition des enseignes, ambitionne également de devenir une référence en matière de compensation carbone.

Merci au Mensuel Éco Grand Est et à Nathalie Stey pour cet article.

 

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